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  • : Le blog de AGEN (Association générale des étudiants de Nanterre)
  • : Pour un syndicalisme de combat.
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Nous devons bannir de nos rangs toute idéologie faite de faiblesse et d’impuissance. Tout point de vue qui surestime la force de l’ennemi et sous-estime la force du peuple est faux.


"La situation actuelle et nos tâches" (25 décembre 1947)  Oeuvres choisies de Mao Tsé-Toung, Tome IV




 
Dans l’histoire de l’humanité, toute force réactionnaire au seuil de sa perte se lance nécessairement, dans un ultime sursaut, contre les forces de la révolution ; et souvent, des révolutionnaires sont un moment induits en erreur par cette force apparente qui dissimule la faiblesse intérieure, ils ne voient pas ce fait essentiel que l’ennemi approche de sa fin et qu’eux-mêmes sont près de la victoire.

« Le Tournant de la Seconde guerre mondiale » (12 octobre 1942). Œuvres choisies de Mao Tsé-toung, tome III.

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26 février 2009 4 26 /02 /février /2009 13:15

(PHOTO Luc Reinette à sa sortie de la prison de la santé le 12 Juillet 1989)

 

 

Guyanais, venu en France pour travailler dans les années cinquante, mon père possédait dans sa bibliothèque le Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire. Jeune ouvrier, formaté par l’extrême gauche, j’avoue ne pas y avoir prêté attention, plus occupé à vilipender des groupuscules méritant au mieux une note de bas de page.


En 2005, j’ai eu l’impudence d’évoquer la question du colonialisme aux Antilles-Guyane dans des cercles « révolutionnaires » : aucun militant ne m’a répondu. C’était, soyons clair, inconcevable, d’aucuns haussant les épaules comme si elle était exotique, incongrue, par avance disqualifiée. Somme toute, pour eux, la situation était fort simple : des noirs débonnaires, se relaxant dans des hamacs, vivaient du RMI, bref étaient les bénéficiaires passifs de l’aide généreusement allouée aux DOM-TOM par la France. L’impérialisme, c’était les Etats-Unis et la Françafrique, point final.


Las, l’aide de la France, cela signifie concrètement un taux d’incidence du sidaen Guyane près de sept fois plus élevé qu’en métropole, un chômage endémique, des populations qui manquent de tout quand les fonctionnaires blancs perçoivent une prime de chaleur et que la bourgeoisie béké ne cesse de s’enrichir.


Si aujourd’hui, grâce à la pugnacité de Jean-Luc Einaudi (un ancien militant du PCR (ML)), la lumière a été faite sur le massacre des Algériens à Paris le 17 octobre 1961, le souvenir des exactions perpétrées en mai 1967 en Guadeloupe s’est estompé, rejoignant dans la froideur des tombes les 87 guadeloupéens assassinés par les forces d’occupation coloniales.


Rares sont ceux qui se souviennent du Groupe pour l’organisation nationale de la Guadeloupe (GONG), dont les militants, enchaînés tels des animaux, furent déférés à Paris pour y répondre de leurs actes, au demeurant bien policés (la lutte armée n’était pas encore à l’ordre du jour).


J’ai cherché à renouer avec le fil de cette histoire, consultant des centaines de microfilms pour aboutir à la rédaction d’un document, Résistance et lutte armée aux Antilles Guyane : autour de l’ARC et de ses cibles. Chronologie et fragments d’une histoire occultée. Il est brut de décoffrage, imparfait. J’en conviens aisément, mais il a été jusqu’il y a peu le SEUL document relatif à l’Alliance révolutionnaire caraïbe (ARC).


Communiste, j’adhère aux lois de la dialectique (unité des contraires, négation de la négation, passage du quantitatif au qualitatif a qualitatif). C’est en ce sens que ce texte a été rédigé : pour aller de l’avant.  


Parce que je ne suis pas historien, la connaissance « pure » ne m’intéresse pas. Elle doit être une arme pour se libérer, briser ses chaînes. L’esclave Frederick Douglas l’avait du reste parfaitement compris.

 

Depuis la rédaction de « mon » texte, François-Xavier Guillerm a publié (In)dépendance créole aux éditions Jasor. C’est, de même que la réédition par l’Harmattan d’un livre du COGASOD paru en 1969 (Le procès des Guadeloupéens), un pas de plus dans la prise de conscience que la décolonisation n’est pas un combat d’hier, mais d’aujourd’hui.

Une campagne d’affichages et meetings aurait dû suivre en 2007 à l’occasion de la commémoration du pogrom de 1967. Elle n’a pu avoir lieu, faute de combattants : nous étions quatre, pas un de plus…


Ce combat est d’autant plus actuel que l’Etat français s’apprête à faire de Mayotte un département, de même qu’il avait départementalisé Guadeloupe, Guyane et Martinique en 1946.


Ce combat, à la lueur des évènements qui secouent la Guadeloupe, peut aujourd’hui enfin trouver une caisse de résonance en métropole : je m’en réjouis. Que les yeux se dessillent ! Que l’internationalisme s’affirme : qu’on reconnaisse la juste lutte de ces nations sans Etat.


Un bémol dépendant : solidarité et indignation ne suffisent pas. Pire, elles balisent la voie de la passivité. Or, ce dont ont besoin les peuples des confettis de l’Empire, c’est d’autre chose…


Pour ceux qui doutent (et gageons qu’il seront nombreux) de la dureté du combat mené par l’ARC, l’Institut national audiovisuel en a gardé trace : voyez ces vidéos, partagez-les, diffusez-les !


J’ajouterai qu’on a coutume de dire que l’Histoire ne repasse pas les plats. Pourtant, quand elle s’accélérera, n’ayez aucun doute : je serai du voyage comme porteur de valise.


PARIS 25  février 2009


Document reproduit avec l'autorisation de l'auteur. AGEN (pour un syndicalisme de combat) le 26/02/2009


_R-sistance-3-.pdf Résistance et lutte armée aux Antilles Guyane : autour de l’ARC et de ses cibles. Chronologie et fragments d’une histoire occultée_pdf

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